L’arpentage, vous connaissez ?
C’est une technique de lecture collective inventée par le mouvement ouvrier pour lire des ouvrages réputés ardus même très fatigué en sortant de l’usine. Son but est de parvenir, en un temps limité, à « débroussailler » une œuvre en mettant en commun les connaissances, les expériences et les intuitions des participant-es. L’arpentage ne remplace pas une lecture individuelle, mais permet au groupe de débattre du livre et de son sujet… et éventuellement de lire le livre !
De septembre à juillet, nous vous proposons un cycle pour découvrir de nombreuses Œuvres via cette methode. Ce mois-ci, rendez-vous avec une figure majeure de l’écoféminisme :
Rêver l’obscur – Femmes, magie et politique de Starhawk
» Rêver l’obscur, c’est se familiariser avec le concept de la peur, de nos côtés sombres, de nos conditionnements, de l’histoire humaine dans ses aspects macabres, c’est apprivoiser la bête pour mieux la comprendre, la dompter, vivre avec elle en espérant, une fois l’avoir identifiée, pouvoir la transformer. Affronter ce qui nous soumet, ce qui nous fait trembler, c’est affirmer son pouvoir, le pouvoir « du-dedans » contre le pouvoir « sur » (la supériorité imposée) et se rendre compte que nous pouvons changer les choses.
Starhawk est ce qu’on appelle une sorcière païenne, qui vit en harmonie avec la nature, l’environnement, l’animal et l’humain, qui crée et met en place des rituels magiques simples, basés sur la parole, l’énergie et le corps, en vue de se reconnecter à la Déesse Mère et de faire monter le pouvoir endormi en chacun de nous. Son but est de faire avec les moyens du bord pour changer la face du monde, tout en prônant une action non violente. Ce rôle n’est pas évident quand on sait à quel point la sorcellerie est mal vue, victime de préjugés depuis la nuit des temps, à quel point le mot magie peut faire rire ou trembler. C’est pour cette raison qu’elle s’évertue à en expliquer les fondements, à en donner des exemples afin que tout le monde se rende compte que la magie habite tout un chacun, et qu’elle réside dans les gestes, le verbe, l’intention, la volonté.
Tout en faisant un rapide compte rendu sur la chasse aux sorcières et ce que cette action a eu comme incidence tout au long de l’histoire, elle met en évidence les conditionnements qui ont eu pour but de diviser l’homme et la femme, de les enfermer dans des stéréotypes contraignants, et diviser également par le pouvoir et la terreur. Dans un contexte d’après guerre, de menace nucléaire, de libération de la sexualité étouffée, elle dresse un portrait, non seulement de l’Amérique mais du monde en général, peu élogieux mais nécessaire.
Le texte, écrit dans les années 80, n’a pas pris une ride, car il est intemporel – même si on peut dire qu’il est toujours urgent de redevenir soi, de redevenir humain, de retrouver l’adéquation avec l’environnement et la nature même des choses. La sagesse qui en émane s’applique partout, en tout temps, pour chacun, et ne se veut ni moraliste, ni discriminante, ni ésotérique. Il y a beaucoup d’amour, de bienveillance, de soutien, d’intelligence et de pistes de solutions pratiques dans ce texte, tout autant qu’il transpire la révolte, l’appel de la meute, et la revendication. Les maîtres-mots qui accompagnent ces solutions sont la solidarité, l’entraide et l’éveil des consciences. Et même si ce texte s’adresse essentiellement aux femmes de par sa nature féministe et par son historique, il n’en est pas pour autant un pamphlet excluant les hommes. Au contraire, il invite femmes et hommes à se départir des rôles imposés par la culture et la société pour redevenir avant tout des humains égaux. »
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Date : Mercredi 10 juin à 18h45
Durée : 2h45
Tarifs : Prix libre (conseillé 5-10 €)
Inscriptions : à venir
Lieu : A définir. Pour faciliter le respect des règles de distanciation (et si le temps le permet), on va tenter d’organiser cet atelier en extérieur.